Le
groupe libre sur un ensemble S est
le groupe F contenant S et caractérisé par la propriété universelle suivante : pour tout groupe
G et toute application ensembliste f de S dans G, il existe un unique morphisme de groupe de F dans G prolongeant f.
Soit encore, un groupe G est dit libre s'il existe un sous-ensemble S de G tel que chaque élément de G puisse être écrit d'une unique façon sous la forme d'un produit d'un nombre fini d'éléments de S et de leur inverse. Un tel groupe est unique à isomorphisme près ce qui jusitifie le qualificatif le dans la définition. En général, on le notera F S ou L(S). Intuitivement, F S est le groupe engendré par S sans relation entre les éléments de S.
Attention : cette notion diffère de celle de groupe abélien libre.
Histoire
Walther von Dyck étudie en 1882 le concept de groupe libre, sans y donner de nom, dans son article
Gruppentheoretishe Sudien (Etude de la théorie des groupes) publié dans
Mathematische Annalen (annales mathématiques). Le terme de groupe libre a été introduit par
Jakob Nielsen en 1924.
Construction
Introduisons un ensemble S' équipotent à S et disjoint de
S. Il existe alors une bijection
S → S '. Pour chaque élément s de S, on note
s ' l'élément correspondant dans
S.Notons M l'ensemble des mots sur la réunion de S et de S ', c'est-à-dire les chaînes finies de caractères constituées d'éléments de S et de S '. Deux telles chaînes seront dites équivalentes si on peut passer de l'une à l'autre en enlevant ou en rajoutant des chaînes de la forme ss ' ou s 's. Ceci définit une relation d'équivalence sur M. On définit L (S) comme l'ensemble des classes d'équivalence.
La concaténation de deux mots définit une loi sur M préservée par l'équivalence. Par passage au quotient, on obtient un loi de groupe sur L (S). L'élément neutre est la classe du mot vide, et l'inverse de est .
Vérification de la propriété universelle : Si G est un groupe, et f : S → G est une application ensembliste, f se prolonge en une application ensembliste g : M → G par :
Cette application g est constante sur les classes d'équivalence, et induit donc une application g : L (S) → G. Cette application g prolonge f et est un morphisme de groupes.
Premières propriétés
- Si S et T ont même cardinal, alors F S et F T sont isomorphes. En effet, une bijection entre S et T donne lieu à des morphismes de F S dans F T et de F T dans F S , morphismes qui sont réciproques l'un de l'autre.
- Soit G un groupe, et soit S un système générateur de G. Alors G est un quotient du groupe libre F S sur S. En particulier, n'importe quel groupe est le quotient d'un groupe libre.
Exemples
- Le groupe libre sur l'ensemble vide est le groupe trivial, et le groupe libre sur un singleton est isomorphe à Z. Ce sont les deux seuls groupes libres commutatifs.
- Soit n un entier naturel. Le Groupe fondamental du plan privé de n points est un groupe libre sur un ensemble de cardinal n.
Sous-groupes d'un groupe libre
Les sous-groupes d'un groupe libre sont libres. La démonstration de ce résultat n'est pas immédiate. Un sous-groupe libre admettant un système fini de générateurs a des sous-groupes de n'admettant aucun système fini de générateurs.
Référence
- (en) Marshall Hall The theory of groups , chapitre 7.